Le salon de l'agriculture a fermé ses portes. Comme c'estune manifestation très populaire et appréciée, j'ai trouvé sympathique de vous donner envie de lire le livrede Éric Favre intitulé « Devenir un agriculteur d'aujourd'hui ». Certes, l'ouvrage date de l'an dernier, mais est toujours d'actualité. C'est quoi être agriculteur au XXIè siècle ? Agriculteurs ? Paysans ? Les deux ? Vaste question !
Cela étant pour les citadins que nous sommes, le monde agricole peut paraître lointain. Et pourtant ! Les agriculteurs produisent (enfin pas tous, mais une grande majorité) ce que nous mangeons. Et là, ce monde devient intéressant.
Éric Favre nous raconte son histoire, comment ce jeune homme qui commença par des études d'informatique et de biologie, puis qui fut dans une première vie professionnelle programmateur informatique, devint un éleveur de vaches laitières.
Entre les deux, il sera « ingénieur agro », comme il se nomme, et développera un concept de « dés-intensification ». Le principe est simple. Pour résumer, il s'agit de mettre les vaches au pré, et les nourrir avec de l'herbe. Il démontre que « dés intensifier » produit un meilleur rendement, donc un meilleur revenu pour
l'exploitant agricole. Et puis, c'est le déclic. Il veut s'installer, devenir éleveur. Il fait le grand saut en 1995. Il trouve un ferme dans la région de Nantes, à Blain plus exactement. La surface est de 39 hectares, dont 37 en location, pour un rendement de 167 000 litres de lait.
Les débuts ne sont pas faciles. Nombreux sont ceux qui le regarderont comme un extraterrestre, et surtout il va se « cogner » au réseau des coopératives qui sont très inféodées aux méthodes intensives. Avec son livre, on découvre que la solidarité dans le milieu agricole n'est pas toujours de mise. Mais Éric Favre y croit. Il s'entête. Il met en pratique ce qu'il préconise : « Produire moins, pour gagner plus ». Et surtout il aime ce qu'il fait. Il aime son métier, plus qu'un agriculteur, il est paysan. Il aime ses vaches qu'il laisse au pré, même pour vêler. C'est un paysan heureux, qui vit bien au rythme des saisons. Côté temps de travail, il écrit« je souhaitais en m'installant être à trente cinq heures […] c'est un échec, je travaille moins ». Et oui, il travaille cinq heures par jour en hiver, mais le reste de l'année c'est beaucoup moins. Le reste du temps il le consacre aux travaux de la maison. Il a du temps pour sa famille, et il participe à des réunions syndicales, ….Éric Favre est membre de la Confédération paysanne. Il nous livre l'une de ses luttes contre l'installation d'un élevage intensif de porc. Il gagnera.
Après quinze années, il fait le bilan. Bien sûr, les premières années ne furent pas faciles. Peu d'aides extérieures, et il ose mettre en œuvre une pratique à contre-courant. Aujourd'hui, il ne regrette rien. Sur le plan financier, il dépense moins par rapport aux éleveurs qui pratiquent l'intensif : moins de charges, moins de nourriture à acheter pour ses bêtes, moins de matériel à entretenir,.... Et il dégage « 25 000 euros de résultats par an, soit 10 000 de plus que le résultat généralement atteint par des exploitations de la même taille que la mienne. ».
HEUREUX, Éric Favre est un homme heureux. Son ouvrage donne à réfléchir sur la production agricole, notamment la production laitière, mais surtout nous donne à lire une certaine réalité du monde agricole.
Favre Éric, Devenir un agriculteur d'aujourd'hui, Ed Ouest-France,
189 pages, février 2011, prix 15€.
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