Comme le dit le proverbe chinois,
« le sage montre du doigt la lune et le sot regarde le doigt. »
La loi LOPPSI 2 dite loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure vient d’être adoptée le 8 février par le Parlement.
Il est important de rappeler qu’il s’agit là de la 37ème loi sécuritaire adoptée en France en 7 ans, aveu et démonstration flagrante de l’échec des politiques de droite menées depuis que Nicolas SARKOZY est au affaires en tant que Ministre de l’Intérieur puis de Président de la République.
Cette énième loi est un texte fourre-tout qui traite notamment de la cybercriminalité, de la pédopornographie, du contrôle Internet, de l’insécurité routière, de la vidéosurveillance qui est devenue la vidéoprotection, mais aussi des vendeurs à la sauvette, des présumés coupables qui s’ils ont beaucoup de chances resteront des présumés innocents, de l’extension des fichiers STIC et JUDEX pourtant réputés pour leur manque de fiabilité et leurs erreurs,…
Emanant de l’Elysée et du Ministère de l’Intérieur, le Ministère de la Justice ayant été évincé y compris de ses domaines d’attribution, cette loi liberticide s’attaque aussi aux sans-papiers, y compris mineurs et malades, développe les cas de comparution immédiate pourtant source d’atteintes aux droits fondamentaux de la défense, facilite l’expulsion des squatters et aggrave les sanctions financières contre les associations soutenant les occupations d’immeubles laissés vacants par les spéculateurs,
Ainsi que s’interrogeait en 2006 le Procureur de la République, Eric de Montgolfier, dans son ouvrage intitulé le devoir de déplaire, « on peut donc être le pays des droits de l’homme et celui qui les viole ? »
Cette nouvelle loi est l’expression législative du discours ultra sécuritaire prononcé par le Chef de l’Etat à Grenoble et si certains pensent que la sécurité peut tout régler, ils doivent méditer sur le fait que d’autres lois toutes aussi inefficaces suivront car seulement fondées sur la gesticulation politique et le court terme et non pas sur une réflexion d’ensemble qui met au centre de l’action publique et de la finalité l’individu et le citoyen, victime comme coupable.
Il n’est pas question ici de tomber dans l’angélisme qui consiste à mettre sur le même plan victime et coupable, agressé et agresseur, volé et voleur, mais Sartre écrivait que « l’enfer est pavé de bonnes intentions » et céder aux seules sirènes de la sécurité reposant sur la seule répression nous préparent tous à des lendemains douloureux et à la destruction inéluctable du socle républicain.
Danton écrivait en 1792 qu’ « après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple » et Victor Hugo disait qu’ « à chaque fois que l’on ouvre une école, on ferme une prison ».
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 précise dans son article 6 que la loi « doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse … », l’article 8 stipule que « la loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires … » , l’article 9 rappelant que « Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de sa personne doit être sévèrement réprimé par la loi. »
Qu’on ne se méprennent pas, il ne s’agit pas là de permissivité mais de respect de la personne humaine et de lutte contre l’arbitraire. La Loi doit défendre le plus faible contre le plus fort, le plus petit contre le plus grand, sinon comme l’écrivait La Fontaine, « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». C’est pourquoi l’article 12 de la Déclaration précise que « la garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.»
C’est aussi la raison pour laquelle il est dangereux de prêter foi aux discours de certains sur la nécessité de mettre en place une Police Municipale. La sécurité est l’affaire de tous mais elle est aussi et avant tout de la responsabilité de l’Etat, donc de la Police et la Gendarmerie Nationales, et non pas des collectivités territoriales. Ces discours et politiques démagogiques portent en germe une sécurité pour les riches et une autre pour les pauvres, une protection pour les villes riches et une autre moindre pour les villes pauvres, une sanctuarisation de certains quartiers et le délaissement d’autres secteurs dans les villes, … Plutôt que de se faire une fois de plus piéger et d’accepter un marché de dupes, il faut nous mobiliser pour conserver une Police Nationale et un Commissariat de plein exercice à Bezons. Les élus locaux qui ont cru aux promesses de l’Etat et qui ont mis en place une Police Municipale dans leurs villes ont vu les effectifs de la Police Nationale baisser et ont du faire de nouveaux efforts pour pallier à ce désengagement de l’Etat en gonflant leurs effectifs de police municipale qui n’ont pas les compétences et les pouvoirs de la police nationale.
La Police que nous voulons à Bezons est une Police Nationale, Républicaine, avec des moyens humains et matériels, une Police de proximité ou de quartier, peu importe son nom tant qu’elle est proche des citoyens et des réalités du terrain, non pas une Police de coup, qui ne fait que passer et ne règle rien.
Alors que l’Hyper Président a comme slogan la lutte contre l’insécurité, les effectifs des forces de l’ordre chutent de 9 000 personnes, prés de 11 000 policiers sur 146 000 ont été victimes de blessures ou d’accidents dans l’exercice de leurs fonctions et 42 policiers se sont suicidés en 2009 ( pour mémoire, 17 agents de France Télécoms la même année).
Dés qu’il est en difficulté et cela arrive de plus en plus souvent dans les domaines politique, économique, social, international, … Nicolas SARKOZY remet en avant la lutte contre l’insécurité et se présente à nouveau comme l’homme providentiel auprès de nos concitoyens.
Si la situation n’était pas si tragique pour le pays et la grande majorité de ses habitants, nous pourrions en rire car comme l’arroseur arrosé, c’est lui qui démantèle les services publics, qui dérégule à tout va, qui s’attaque aux plus faibles et remet en cause le lien sociétal et les acquis sociaux, qui crée l’instabilité, l’insécurité, la division, le rejet de l’autre, …
« Notre Président-Premier Ministre-Ministre de l’Intérieur-Ministre de la Justice et Garde des Sceaux,…» a réussi un nouvel exploit en fédérant les mécontentements de toutes les professions de justice ( Magistrats du siège, du parquet, des Services d’Insertion et de Probation, de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, de l’Administration Pénitentiaire, de la Police Nationale y compris des C.R.S., de la Gendarmerie, … des Avocats, et ce tous syndicats confondus. Même la Cour de Cassation, peuplée comme chacun sait de « dangereux révolutionnaires », a fait part de son opposition à la politique spectacle et désapprouve les propos de celui qui selon la Constitution est chargé de garantir l’indépendance de la Justice. Les Français ne s’y trompent pas puisque 65 % soutiennent les Magistrats. Les moyens humains, matériels et financiers sont au cœur du problème en matière de sécurité comme en toute chose. La Justice en France est à la traîne, avec un nombre de juge et de procureur pour 100 000 habitants qui est un des plus faibles d’Europe. Notre pays se classe au 37ème rang en Europe pour le budget de la Justice ( loin derrière des pays comme la Pologne, la Macédoine, l’Albanie, …) et c’est le responsable de ces choix politiques, donc le principal coupable, qui ose montrer du doigt les présumés fautifs.
Le Préambule de la Constitution de 1946, dans le droit fil du programme issu du Conseil National de la Résistance, rappelle que si chacun a le devoir de travailler, il a aussi le droit d’obtenir un emploi ( alinéa 5 ) et que la Nation « garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs.»( alinéa 11 )
En ces temps de crise et d’échecs des politiques menées à l’échelle nationale, ce dont les Bezonnais ont besoin, ce que les Bezonnais veulent, ce n’est pas de déclamations incantatoires, de discours démagogiques prônant le tout sécuritaire et le tout répressif, ce n’est pas l’application à Bezons de ce qui a échoué au niveau national, c’est bien au contraire d’une ville toujours plus solidaire, toujours plus citoyenne, toujours plus respectueuse de toutes et de tous, avec de vrais services publics oeuvrant pour la population, et les Bezonnais ne s’y trompent pas puisqu’ils renouvellent leur confiance depuis longtemps à des élus qui certes les écoutent mais leur tiennent aussi un langage de vérité sur les questions fondamentales de société et ce pour toujours mieux vivre ensemble.